Certains de mes clients sont des experts de l’analogie. Quelquefois ils me parlent d’un cul de sac, d’un obstacle, d’un fossé, d’un mur, de menottes dorées. C’est clair qu’ils se sentent bloqués. Si vous êtes face au mur, ce texte est pour vous. Être bloqué au niveau carrière, ou dans la vie en général, c’est le summum de la friction. Tellement de friction que rien ne bouge. Difficile de reculer, impossible d’avancer, le mur est là. Le mur nous bloque, mais son pouvoir de gravitation est énorme. Il est difficile de s’éloigner, même en courant à reculons! Le mur peut devenir une muraille infranchissable. Ce mur nous empêche d’avancer, mais bloque aussi ce qui pourrait entrer, comme de nouvelles perspectives, de nouvelles expériences; un cheval de Troie plein de bonnes intentions. Quels peuvent être les matériaux du mur? La peur, l’anxiété, les expériences passées, les habitudes, le contexte actuel, certaines personnes qui nous entourent, les gens (qu’est-ce que les gens vont penser?!), les autres, le milieu familial, l’enfance, l’égo, l’arrogance, une ambition démesurée, le contrôle, le pouvoir, le manque d’énergie, la vision tunnel, le confort. Il ne manque pas de matériaux! Et contrairement à la COVID, il n’y a aucun problème dans la chaîne d’approvisionnement. Qui a construit ce mur? La part de nous-mêmes façonnée et sensible aux matériaux du mur. Appelons cette part le maçon. Le maçon construit le mur. Il sait que ça protège quelqu’un. À chaque fois qu’il dépose une brique, le mur grandit, plus haut, plus large. Une grande protection. Si aucune porte ni fenêtre n'a été prévue, il y aura des briques partout. Un beau mur droit, solide et impénétrable. Une nouvelle expérience, une nouvelle brique. Le bonheur, une brique. Le commentaire d’une amie, une brique. Un obstacle, une brique. À qui sert ce mur? Au maçon et au résident. Au maçon, car il veut garder sa job et sa raison d’être. Sa raison d’être est de protéger le résident. Au résident, car être en sécurité est primordial. Au début, le résident voit une enceinte et l’apprécie. C’est rassurant une enceinte. Il ne voit pas le mur grandir. À un moment, le mur masque trop de choses. Le résident se sent moins bien. Il décore le mur avec des photos de choses qui existent en dehors du mur par exemple. Le résident pose des questions au maçon sur ce qu’il y a de l’autre côté. Le maçon lui dit: ”Hmm, c’est pas super de l’autre côté du mur.” Pourtant le maçon a le nez collé sur le mur la plupart du temps. Mais après plusieurs discussions, le résident fait installer une fenêtre ou même une porte. Mais le maçon le convainc de barrer la fenêtre et la porte. On ne sait jamais ce qui pourrait entrer (et sortir!!). Le mur paraît beaucoup mieux, mais un mur c’est un mur. De plus, le maçon aime prendre de l’expansion dans son rôle. Il gère les entrées, les sorties, les livraisons, les visites, les décisions du résident. Il aime profondément le résident, mais il aime encore plus son rôle. Comment aimer le mur? Premièrement, remplaçons le mot mur par holodeck. Ça va aider. Qu’est-ce qu’un holodeck? Le holodeck est un dispositif fictif de la franchise télévisée Star Trek qui utilise des "hologrammes" (lumière projetée et énergie électromagnétique qui créent l'illusion d'objets solides) pour créer une simulation 3D réaliste d'un décor réel ou imaginaire, dans lequel les participants peuvent interagir librement avec l'environnement, ainsi que des objets et des personnages, et parfois un récit prédéfini (réf. Wikipedia). Alors je suis dans mon holodeck, tout va bien, j’ai des moments heureux, j’ai des déceptions. Je vis. Qui est en charge? Mon maçon ou mon résident? Si, dans mon holodeck, je suis en pleine conscience et malgré des hauts et des bas inévitables, je me sens bien et libre, mon résident est probablement responsable. Mais mon maçon travaille toujours à temps plein et dépose ses briques, une à la fois. Le décor peut être réel ou imaginaire, mais c’est toujours un décor, une vision interprétée de ma vie en ce moment. Et comme dans la définition du holodeck, c’est parfois un récit prédéfini (par les matériaux utilisés et le savoir-faire de mon maçon). La réalisation d'être devant un mur dans le holodeck, c’est un signal d’alarme qui indique au résident de reprendre le contrôle et de donner congé au maçon, au moins quelque temps (il revient toujours!). C’est surtout le temps de changer de programme (de simulation ou d’interprétation). Quitter la simulation actuelle du holodeck, c’est un énorme défi. J’y reviendrai. Déconstruire le mur dans le programme actuel du holodeck, c’est aussi un défi important et très déstabilisant. Le mur est un ami qui nous protège et il faut y aller avec doigté. Le mur fut construit une brique à la fois. Il faut commencer par enlever certaines décorations, ajouter une ou plusieurs fenêtres, une ou plusieurs portes et quelquefois enlever une partie du mur ou le mur au complet. Attention aux murs de soutien aussi appelés murs porteurs. Comme dans une rénovation, il faut savoir identifier les murs porteurs et surtout quoi faire avec. Faire le suivi de nos activités quotidiennes dans un log est un excellent point de départ. Chaque activité apporte une énergie positive ou négative. Une énergie positive permet de détecter un mur porteur. J’y reviendrai aussi. J’ai parlé de Monsieur X dans un post précédent. Lui dire oui, c’était facile et presque plus fort que moi. Mais j’aimerais vous dire que pour une autre personne en particulier, c’est souvent non par défaut. Non par défaut en raison de l’effort qu’il faut mettre pour dire oui. La principale raison est que, pour lui dire oui, je dois dire non à plusieurs autres personnes et occasions. Et ça, c’est un gros défi. Avant de vous parler de cette personne, laissez-moi vous parler de Vilfredo Pareto. Le principe de Pareto, ou la règle du 80/20, stipule que pour de nombreux phénomènes, 20% des efforts/causes génèrent 80% des résultats/conséquences. Le principe a été nommé d'après Vilfredo Pareto, un économiste italien, qui, en 1895, a remarqué qu'environ 80% des terres italiennes appartenaient à 20% de la population du pays. En découvrant cette inégalité, Pareto a sondé de nombreux autres pays pour découvrir que la richesse était répartie plus ou moins dans des (dis)proportions similaires partout ailleurs. J’ai appris ce principe d’un de mes premiers patrons (un mentor pour moi) chez IBM en 1985. Ce principe fait partie de ma fondation depuis. Mon ami Pareto m’a accompagné dans ma vie professionnelle (manager, exécutif, consultant, coach). 20% des clients génèrent 80% des revenus, 20% des vendeurs rapportent 80% des revenus, 80% du trafic internet circule sur 20% des sites web, 20% des produits amènent 80% des revenus, 80% des plaintes proviennent de 20% des clients… Vous voyez un peu l’obsession. En 1999, mon niveau d’obsession a augmenté de quelques crans avec la publication du livre The 80/20 Principle de Richard Koch, suivi en 2003 de The 80/20 Individual du même auteur. OMG. On porte 20% de nos vêtements 80% du temps, 20% de notre temps apporte 80% de la valeur globale, 20% des gens que l'on côtoie apportent 80% de notre bonheur, 20% de notre liste de ToDo apportent 80% de l’impact positif, 20% des qualités de notre conjoint/conjointe apportent 80% de notre bonheur (d’après une étude du site Tinder!). Ce 20% est essentiel. Mais comment savoir quel qui et quel quoi font partie du 20%? L’important, pour soi, est de découvrir qui et quoi méritent notre énergie, notre attention, notre temps. Pour ce faire, connaître sa mission, son identité, et ses valeurs sont des filtres essentiels pour trier la quantité phénoménale de possibilités où consacrer notre énergie et notre temps. Voici la différence entre les personnes moins heureuses et moins comblées et celles qui sont très heureuses et très comblées : les personnes très heureuses disent non à presque tous les qui et quoi, mais disent oui à eux-mêmes. Ils disent oui aux 20% des qui et des quoi alignés sur leur mission, leur sens d’identité et leurs valeurs. Le reste, c’est non! Le paragraphe précédent constitue 12% (en nombre de mots) du blogue, mais représente 90% de sa valeur totale. La loi de Pareto, c’est comme la gravité; on la subit, qu’on en soit conscient ou non. Aussi bien en profiter. J’ai un ami de longue date qui me visite régulièrement. Je vais l’appeler Monsieur X pour le protéger! Au début de notre amitié, on se voyait beaucoup plus. Avec le temps, la carrière, la famille, la vie quoi, on se voyait un peu moins. Ensuite quelques crises ont frappé. Des crises économiques, familiales, professionnelles; des maladies, des décès, une crise climatique, une pandémie. De l’anxiété qui gruge, comme une érosion graduelle. Une érosion de l’amitié, de la confiance, du sentiment de mieux-être quand on se quitte. Le doute s’installe tout doucement. Est-ce que mon ami est vraiment là pour moi? Est-ce qu’il m’écoute? Est-ce qu’il me comprend? Monsieur X est tellement sûr de lui. Ses opinions sont arrêtées sur une foule de sujets. C’est un expert. Je vis quelque chose de nouveau, il me donne des exemples de ce qu’il a vécu de similaire dans le passé. Et il me dit quoi faire. Je n’ai même pas à demander. Des conseils à la tonne. Je rencontre quelqu’un de nouveau, je lui en parle, et encore les préjugés à la tonne. Eh oui, je l’entends me dire: "Ce genre de personnes, et tatati et tatata…” Tout ça me laisse perplexe. Je lui fais confiance depuis tellement longtemps, mais le doute s’est installé. Mon ami semble doublement vacciner contre le doute. Pas d'ambivalence dans son cas. Pourtant, je lui dis: ”Moins de certitudes, plus de liberté.” Plus de liberté d’être dans le moment présent, pleinement. Quand je parle à mon ami Monsieur X, il me laisse rarement finir ma phrase. Après quelques mots de ma part, il semble déjà avoir tiré une conclusion et le plan d’actions qui va avec. Je parlais de l’érosion graduelle. L’érosion de ma confiance en moi, de mes choix passés et futurs. Mais il me dit: ”Pourquoi penses-tu à ça? Tu as toujours performé. Le passé est garant de l’avenir.” Oui, mais j’ai plus de passé que d’avenir. Je vieillis que je lui dis. Mes certitudes passées ont laissé place, quelquefois, aux angoisses du futur. Mon ami est tellement sûr de lui. On dirait qu’il ne vieillit pas. Nous n’avons pas évolué ensemble, au même rythme. Nos compas mutuels ne pointent plus dans la même direction. En fait, il continue à utiliser un GPS. Dans mon cas, c’est plutôt un compas. Il ne comprend pas que je n’ai plus de destination, seulement une direction. Plus je tente de m’ouvrir, d’être vulnérable, plus il se campe sur ses positions. Je l’entends: “Esprit maléfique, sors du corps de mon ami Paul.” C’est que j’ai eu la mauvaise idée de lui parler de ma petite voix. J’ai tenté de lui expliquer que ma petite voix, elle est petite parce qu’elle chuchote, mais d’un chuchotement bouleversant. J’ai passé plusieurs années à ne pas l’écouter, à ne pas l’entendre. Après un profond fou rire de la bedaine, Monsieur X me dit: ”Elle est petite parce que tout ce qu’elle est bonne à faire c’est du small talk.” C’est petit comme réflexion. Mon ami ne veut rien entendre de ma petite voix. Je crois que ça l'insécurise beaucoup. Et s'il perdait sa place comme mon proche conseiller, pour une petite chose en plus. Je pense qu’il sent son identité en jeu. Je vois encore Monsieur X. C’est très difficile de laisser aller complètement un ami de longue date. C’est comme un morceau de ma fondation. Toucher ce morceau, c’est ébranler la structure du bâtiment. Je vois encore Monsieur X tous les matins. Tout ce qui nous sépare est le miroir. Je l’entends de moins en moins souvent, mais je l’écoute beaucoup mieux. J’ai laissé tomber mes préjugés envers lui et je lui ai pardonné ses excès de confiance. Je l’écoute simplement, avec empathie. Je ne me défends pas quand il m’attaque. Je le laisse exprimer ses émotions. Il voit et il ressent qu’il existe. Ça le rassure. Quand il me quitte, il est beaucoup plus calme. Moi aussi. Et je l’aime toujours. |
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AuteurPaul Robillard, Coach Carrière, Santé, mieux-être et pleine conscience ArchivesCatÉgories |